Oh, si je postαis la suite ?? (x
Chapitre 1. Une adolescente de dix-huit ans.
« Au revoir Madame Ségnan ! », lui lançai-je en esquissant un faux sourire.
Elle s'éloigna, sa démarche prétentieuse ne la quittant pas. Mme Ségnan était une de ses femmes dont le principal intérêt était de paraître élégante. Pour cela, elle était prête à tout. Toute son existence semblait reposer sur le simple fait d'être parée de mille bijoux, plus excentriques les uns que les autres. Autant dire que mon débardeur rouge flash, ma minijupe jean et mes bottes blanches à talons faisaient négligé face à son épais manteau de fourrure. Je ne pus m'empêcher de laisser échapper un long soupir devant la mine amusée de Marie. Voilà bien une demi-heure que ce sapin de Noël venait de me bassiner parce qu'elle cherchait une robe de soirée. Les modèles n'étaient assez « sophistiqués » selon elle. Elle avait finalement opté pour une robe tombant aux pieds, bouffante et parsemée de paillettes. Le tout rose fushia. Je m'étais bien abstenue de tout commentaire sur l'excentricité de la robe. Elle récupéra ses petits caniches et s'en alla. Parfois, je me disais que Paris Hilton n'était qu'une gamine. Je retournai vers ma collègue et pris un bon Expresso pour me calmer les nerfs.
-Tu dois avoir un véritable sang froid pour la supporter.
-Parfois, je me surprends moi-même !
Je n'eus pas le temps de me reposer longtemps. Une cliente semblait perdue. Je posai mon café suite à la tape de Marie et partit l'aider. Elle hésitait entre une charmante petite robe violette et une plus longue noire. Je me permis de lui rappeler que nous étions en plein été et que la violette était plus adaptée. Elle sourit et me remercit bien aimablement. Si tous les clients étaient comme ça, je crois que je me plaindrais moins souvent de mon métier de vendeuse. Une fois repartie, je pus constater qu'elle avait laissé la même impression à Marie. Une voix me parvint. Je reconnus les traits virils de Mike, impeccable dans sa polo blanche et son slim. Il voulait savoir s'il restait encore beaucoup de modèles A-3o2 en taille L. Je m'empressai de vérifier. Effectivement, le modèle arrivait à therme. J'annonçai à Mike qu'il ne restait plus qu'un seul modèle.
-En principe c'est à toi de m'informer qu'il en manque, rouspéta-t-il gentiment en disparaissant derrière une porte, tiens en voici trois, ajouta-t-il une fois revenu.
-Tu ne m'en veux pas trop ? , demandai-je avec mon petit air triste.
-Tu sais bien que non, répondit-il un sourire aux lèvres.
-Tu es adorable, dis-je en déposant un bisou sur sa joue gauche.
Je repartis mettre en place les modèles. Je regardai ma montre. L'heure de la fermeture s'imposait. Je vis Marie me faire de grands signes et accourus. Elle me passa vivement le combiné du téléphone. C'était Rodrigue. Je souris. Il m'expliqua brèvement qu'il m'attendait dans deux minutes au « Blue Café » pour m'annoncer quelque chose. Je lui répondis que c'était impossible. Il insista. Je regardais Marie, perdue. Elle me fit signe qu'ils allaient se débrouiller. Je confirmai donc ma présence à Rodrigue et raccrochai. J'enfilai ma veste noire, prit mon sac Elite, remerciai mille fois Marie, lui dit au revoir ainsi qu'à Mike et me sauvais.
J'arrivai au Blue Café avec trois minutes de retard. La vérité était que je n'avais pu m'empêcher de passer par mon appart' pour me pomponner. Ce n'était pas tous les jours que Rodrigue m'invitait ! Alors, autant mettre le paquet. Le beau châtain aux cheveux ébouriffés et aux yeux chocolat semblait m'attendre depuis un moment. Lorsqu'il m'aperçut, il prit son éternel air « Eh bah, c'est pas trop tôt ! ». A vrai dire, j'arrivais toujours en retard aux rendez-vous de Rodrigue. Je lui fis la bise et m'assis, prête à attendre les reproches, que je me passerais de vous exposer. Je lançai au milieu de ceux-ci :
-Bon, et pourquoi voulais-tu me voir ?
-Rah ! Toi et l'art de détourner les conversations !
-Non, d'arriver sur le sujet de départ conviendrait mieux, répliquai-je.
-Bref, tu ne changeras jamais, soupira-t-il, j'ai une nouvelle à t'annoncer ou plutôt une surprise, ça dépend...
-Oui donc tu disais ?
-Quelle impatiente ! Heureusement que je ne suis pas comme toi sinon je me serais déjà barré !
-Viens-en au sujet Rodrigue.
-Tu te souviens de mon ami Andréas ?
Je cherchai dans ma petite tête. Mais comme à chaque fois qu'il parlait je ne faisais que le dévorer des yeux, cela me paraissait compliqué.
-Vaguement...
-Eh bien il est de passage en France !
-Et qu'est-ce que cela a d'exceptionnel ?
-C'est pas vrai, soupira-t-il de nouveau, au cas où tu l'aurais oublié, il est allemand...
-Ah, et donc ?
-Donc, il arrive ce soir à Paris et organise une fête...
-Il y en a qui ont de la chance de pouvoir organiser une fête quand ils sont de passage en France... , murmurai-je.
-...Alors tu acceptes ?
-De quoi ?
-C'est pas vrai ! Tu vas me rendre fou !
On serait quitte comme ça, ne pus-je m'empêcher de penser.
-Donc il organise une fête où je suis invité. Accepterais-tu de venir avec moi ?
Alors là. Je restai bouche bée. Même pour la fête du pape j'aurais accepté.
-Je vois, ça ne te plaît pas... tant pis.
-Non pas du tout ! Je serai ravie d'y aller avec toi ! , m'exclamai-je.
Il sourit. Seigneur arrêtez, ou je vais défaillir. Je ne cessai de regarder ce sourire. Il se leva. Je l'imitai. Il me prit par l'épaule et nous remontâmes jusqu'à mon appartement. Je me sentais si bien dans ses bras. Protégée, à l'abris de tous dangers. Si j'avais su. Il s'arrêta devant ma porte, déposa un baiser sur mon front et me dit « Je passerai te prendre vers 2oh3o.» Il partit. Je le suivis du regard. On aurait dit un ange qui s'envolait. Je revins à la réalité et réalisai que je n'avais qu'une heure pour me préparer ! J'entrai dans mon appartement et courus vers la salle de bain au plus vite. Le compte à rebours avait commencé.
Ven 5 Sep - 20:35
